Titre
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Une
bouche sans personne
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Auteur
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Gilles
Marchand
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Editeur
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Collection
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Date de sortie
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25
août 2016
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Nombre de pages
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300
pages
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Prix
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17€
(papier)
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Un roman réaliste et puissant, nous guidant vers
les sentiers d’une philosophie ludique
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Synopsis
Un comptable se réfugie la journée
dans ses chiffres et la nuit dans un bar où il retrouve depuis dix ans les
mêmes amis. Le visage protégé par une écharpe, on ne sait rien de son passé.
Pourtant, un soir, il est obligé de se dévoiler. Tous découvrent qu'il a été
défiguré. Par qui, par quoi? Il commence à raconter son histoire à ses amis et
à quelques habitués présents ce soir-là. Il recommence le soir suivant. Et le
soir d'après. Et encore. Chaque fois, les clients du café sont plus nombreux et
écoutent son histoire comme s'ils assistaient à un véritable spectacle. Et, lui
qui s'accrochait à ses habitudes pour mieux s'oublier, voit ses certitudes se
fissurer et son quotidien se dérégler. Il jette un nouveau regard sur sa vie
professionnelle et la vie de son immeuble qui semblent tout droit sortis de
l'esprit fantasque de ce grand-père qui l'avait jusque-là si bien protégé du
traumatisme de son enfance.
Léger et
aérien en apparence, ce roman déverrouille sans que l'on y prenne garde les
portes de la mémoire. On y trouve les Beatles, la vie étroite d'un comptable
enfermé dans son bureau, une jolie serveuse, un tunnel de sacs poubelle, des
musiciens tziganes, une correspondance d'outre-tombe, un grand-père rêveur et
des souvenirs que l'on chasse mais qui reviennent. Un livre sur l'amitié, sur
l'histoire et ce que l'on décide d'en faire. Riche des échos de Vian, Gary ou
Pérec, lorgnant vers le réalisme magique, le roman d'un homme qui se souvient
et survit - et devient l'incarnation d'une nation qui survit aux traumatismes
de l'Histoire.
Mon avis
Une bouche sans personne. Le titre m’a
beaucoup intrigué. Un peu abstrait, un peu poétique mais à la fois réel et
tangible. Une fois le résumé lu, je savais que je n’allais pas pouvoir refuser.
Ma curiosité a été piquée. Ma soif de lecture a été étanchée et maintenant, mes
doigts vous livrent cette chronique, espérant vous guider sur les sentiers de
mon appréciation.
L’élément
le plus important dans ce roman est l’ensemble des personnages, surtout le
héros principal. Histoire de faire durer le suspense quelques secondes de plus,
je vais d’abord parler des protagonistes secondaires faisant partie intégrante
de ce récit. Ils sont réalistes. Des gens qu’on pourrait croiser tous les jours
dans la rue, dans les grandes villes du moins. Des personnages ayant une vraie
identité avec une partie de leur passé dévoilé. J’ai trouvé cela très
intéressant, captivant d’avoir des héros ordinaires. Ni charismatiques. Ni
sensationnels. Des héros secondaires ordinaires car le personnage principal est
tout à fait différent. Un héros, un zéro ? Comment le qualifier ?
Tout dépendra de chaque lecteur. Un personnage banal ayant une vie médiocre
mais son histoire nous enchante. Un homme dépressif et pourtant, il arrive à
nous donner le sourire. Il n’est pas simple de s’adapter à lui, d’apprendre à
le connaître. Du moins, au début, pendant une certaine phase, une certaine
étape. Une fois ce laps de temps passé, nous le côtoyons sans aucune gêne, sans
aucune honte ou désagrément. Pourquoi le héros devrait-il toujours être un
personnage charismatique, fort et/ou courageux ? L’auteur, dans son roman,
nous fait remarquer que même les personnes que nous qualifions parfois de « ratés »
dans notre monde peuvent se transformer en héros d’un soir. En plus de nous
étonner, il nous donne une leçon de vie et cela est tout à fait incroyable.
Nous n’avons aucune impression de nous faire sermonner durant le récit. C’est
seulement en y réfléchissant qu’on se rend compte de cela et des changements
qui se sont opérés en nous. Subtil et efficace.
Ensuite,
le suspense. L’attente angoissée de ce qui va se produire, de ce qui va
arriver. On pourrait se demander où est le suspense ou comment l’auteur
arrive à en placer dans son roman et au fil des pages qui défilent, nous
obtenons notre réponse et sommes pris dans l’engrenage de ce sentiment. Chaque
page tournée nous donne envie de lire encore plus, encore plus vite, et les
pages se tournent de plus en plus vite, bougeant sous notre adrénaline de
lecture. Je trouve cela très bien joué de créer un sentiment de suspense en
dévoilant les personnages au goutte-à-goutte. C’est subtil mais encore une
fois, efficace car le lecteur ne peut qu’apprécier ce talent et ce génie, du
moins quand il lève les yeux du livre. En fait, cela prouve qu’il ne faut pas
toujours de l’action et du danger pur captiver le lecteur. De simples
histoires, de simples ragots suffisent à piquer notre curiosité, à nous faire
vivre de manière angoissée au cours des pages pour satisfaire notre soif d’informations.
Un roman qui sort enfin des stéréotypes et qui nous donne d’incroyables
sensations, c’est vraiment le top et très intéressant.
Pour
terminer, dans le roman, se trouve une petite touche irréaliste, surréaliste.
Je trouve ce procédé assez bizarre de manière générale, un peu trop fantaisiste
à mon goût alors que je suis un grand amateur de fantasy. Ici, c’était
différent, ça donnait naissance des scènes
complètement loufoques, folles, insensées tout en donnant une petite touche
heureuse, de couleur au récit, à notre monde. En fait, ce qui est surtout
intéressant avec cette touche surréaliste, c’est quand on analyse le cadre
spatial de l’histoire. Grande ville pleine de monde, le travail est placé roi.
L’indifférence entre les personnes est monnaie courante. Un monde triste,
terne, noir et blanc. Alors viennent ces touches imaginaires de couleur pour
égayer la vie de notre héros anti-héros. Du coup, ces moments, ces passages
complètement fous, déjantés, dignes de l’imagination « travoltarienne »
nous émerveillent et nous ne luttons pas pour revenir les pieds sur terre, nous
préférons continuer ce voyage insensé, peur de ne plus apprendre à connaître
notre personnage principal. Alors, c’est vrai que c’est assez surprenant de
lire les premiers passages surréalistes mais c’est comme les épinards, avec le
temps, on arrive à les apprécier. Finalement, j’ai succombé à la couleur.
En
conclusion, ce livre changeant de mes habitudes a été un chouette moment de
lecture, un moment d’ailleurs très intéressant.
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